PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE


Témoignage

Donner pour soutenir un quotidien indépendant et essentiel

Publié le

Daniel Lapointe et Julie-Gil Bouffard, donateurs

Si on avait à dresser la liste des plus grands amateurs québécois de sports de plein air, il y a fort à parier que les noms Daniel Lapointe et Julie-Gil Bouffard y figureraient. Après avoir complété un demi-marathon de ski de fond, son activité hivernale chouchou, le couple a troqué bottes et bâtons pour des espadrilles. Tous deux se préparent pour la Beluga Ultra Trail, une course de 45 km qui se déroulera en septembre dans les montagnes de la région de Tadoussac. Pour ces deux cinquantenaires également adeptes de cyclisme longue distance, chaque journée de travail et d’entraînement débute par la lecture de La Presse+ sur leurs tablettes respectives.

Julie-Gil se dit accro aux articles de La Presse. « Nouvellement maman, j’avais même fait un deal avec mon bébé de 9 mois qui ne dormait jamais », explique celle qui devait rester assise pendant des heures, sa fille (maintenant âgée de 27 ans) dans les bras. J’ai réussi à lui faire comprendre qu’il fallait que je me lève quand le camelot passait. Je lui lisais le journal tout le temps », se rappelle-t-elle.

Rejoints par visioconférence, Daniel et Julie-Gil, résidants de Eastman en Estrie, confient être amoureux depuis près d’une décennie. Lui est un ex-officier d’infanterie désormais chef de projet dans une entreprise privée offrant des services d’entraînement aux Forces armées canadiennes. Elle est une designer indépendante de vêtements de plein air spécialisée en conception 3D.

« Une technique émergente au Québec, mais très populaire aux États-Unis, car elle permet d’économiser des coûts de production », explique Julie, qui parvient à créer à l’ordinateur des dessins si réalistes que ses clients peuvent évaluer ses modèles et les usines asiatiques les fabriquer sans qu’un échantillon soit envoyé. On évite ainsi des délais, du temps de travail et des va-et-vient en avion. Certains dessins de Julie, semblables à s’y méprendre à des photos, apparaissent même dans le site transactionnel des marques. La production s’ajuste ainsi aux ventes.

Est-il trop intrusif de demander à ces deux-là comment ils se sont rencontrés? La paire échange un regard complice. « Bin non ! Ça fait plaisir de raconter ça », s’enchante Daniel, les yeux brillants. « C’est une belle histoire ! », renchérit sa partenaire. Drôle de hasard, en 2015, les deux cyclistes participaient sans trop d’enthousiasme au Grand Tour Desjardins. Daniel avait succombé à l’insistance d’un ami et Julie aux invitations de son père qui, à 75 ans, en était peut-être à sa dernière activité de vélo-vacances. « Une chance que j’y suis allée car c’est là que j’ai rencontré l’homme de ma vie ! », se réjouit encore Julie-Gil. Cet été, les tourtereaux souhaitent pédaler de Gaspé à Sydney en Nouvelle-Écosse, soit 1 400 km en 3 semaines.  

Le couple verse des dons à La Presse. Un geste important pour Daniel, qui affirme avoir pesé le caractère essentiel des médias à 18 ans. « Au début, en tant que militaire, tu vois les journalistes un peu comme une menace, comme des gens qui veulent te prendre en défaut. Et puis, tranquillement, au fil de ta formation, tu comprends que les relations entre les journalistes et l’armée sont vitales dans une démocratie », admet celui qui y a passé près de trois décennies. Les services de défense sont une organisation publique, ils ont donc des comptes à rendre aux citoyens, et les reporters, sorte de quatrième pouvoir, sont des courroies de transmission qui révèlent les enjeux et les abus.

Le respect de Daniel pour leur travail a grandi d’un cran à l’époque des scandales de la construction. « Les vrais protecteurs de la société québécoise dans ces années-là, c’étaient les journalistes qui se mettaient en danger de mort [en dénonçant ces gens]. Moi, avec mes fusils et mes chars d’assaut, je ne faisais rien pour protéger les Québécois. »

Tout en soulignant que les médias indépendants sont fragilisés par les géants du Web qui accaparent les revenus publicitaires, il poursuit :

« Si on veut continuer de savoir ce qui se passe, de connaître les dessous des choses, de vraiment être informés et en mesure de prendre des décisions éclairées dans nos vies, ça prend des médias indépendants ! »

– Daniel

Produire de l’information nécessite des dépenses que les lecteurs peuvent aider à assumer, croit le duo. Julie-Gil ajoute : « On donne par désir d’avoir un journalisme de qualité. Vous avez beaucoup de pouvoir avec les mots, mais aussi sur l’absence de mots. Pendant la pandémie, j’appréciais de voir des journalistes qui se donnaient vraiment la peine d’aller voir l’envers de la médaille chez les complotistes pour essayer de nous expliquer leur pensée, qui aurait pu être tue. Pour moi, La Presse fait très bien son travail », conclut-elle.

Lire d’autres témoignages