PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE


Témoignage

Donner pour protéger l’information accessible et gratuite pour tous

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Juste Rajaonson, donateur mensuel

Quand on se compare, on se console, dit un vieil adage. Sauf lorsqu’on mesure ses implications citoyennes à celles de Juste Rajaonson, pourrait-on ajouter. Portrait d’un donateur engagé.

Juste Rajaonson aspire à ce que les municipalités du Québec soient plus vertes et plus inclusives. Le Montréalais de 38 ans est acteur de changement. D’abord en enseignant, à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal, un cours d’introduction au développement durable qui s’adresse à la future génération de cadres et d’entrepreneurs. Puis en siégeant comme vice-président au conseil d’administration du Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement (GRAME). Enfin, en occupant le rôle de vice-président du Conseil interculturel de Montréal, une instance consultative qui appuie la mairesse et les élus dans leur traitement des enjeux liés à la diversité. « On rédige des avis, des mémoires. Il y a beaucoup de suivis, de rétroactions avec les décideurs et les fonctionnaires de la Ville. Ça meuble une partie de mes soirées », explique-t-il en riant.

La lutte contre la crise climatique et l’inclusion des populations marginalisées sont les deux chevaux de bataille du chercheur né à Madagascar. Pour le docteur en études urbaines ayant quitté son pays il y a 20 ans afin d’entamer un parcours universitaire au Canada, les deux causes ne sont pas seulement d’égale importance ; elles sont aussi imbriquées :

« Prenons les personnes immigrantes, qui ont des trajectoires très diversifiées. Elles peuvent apporter des perspectives auxquelles on n’a pas pensé pour prendre soin de la planète, par exemple en ce qui concerne le recyclage ou la récupération, élabore-t-il. Dans certaines sociétés, le fait de ne pas toujours avoir les moyens de consommer plus amène des réflexes différents dont on pourrait s’inspirer pour changer nos façons de faire, même en entreprise. Des compagnies étrangères doivent par exemple composer avec un accès limité à l’énergie et à l’eau ; on pourrait les imiter et réduire ainsi notre utilisation de ces ressources. »

« Les Autochtones ont aussi quelque chose à nous apprendre en ce qui a trait à la gestion de la biodiversité, des forêts et des ressources naturelles », rappelle aussi Juste.

Parmi les questions que ses étudiants lui posent, il y en a une qui revient souvent : « Pourquoi on n’avance pas sur le plan de la protection de l’environnement alors qu’on connaît les solutions ? »

À cette interrogation complexe, l’enseignant répond chaque fois : « Ce n’est pas vrai qu’on ne chemine pas, qu’il n’y a rien qui bouge. On progresse, mais c’est plutôt la cadence à laquelle on progresse qui est beaucoup trop lente. » 

D’après l’expert, la clé pour appuyer sur l’accélérateur, c’est la sensibilisation. « Il y a beaucoup de travail à faire en formation, en éducation si on veut s’assurer que, dans les entreprises et dans les institutions publiques, il y ait ce que j’appelle des ambassadeurs du développement durable ».

Grâce à son statut de professeur, Juste a la conviction de contribuer à cet effort de pédagogie citoyenne. Et selon lui La Presse y participe en couvrant les enjeux environnementaux, comme la publication des rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

En classe, il se réfère à différents faits qui sont relatés dans La Presse pour illustrer des concepts et des théories. Et s’il peut le faire, c’est parce que les articles du quotidien sont gratuits pour tous. « C’est important, dans les cours, d’avoir à portée de main des contenus de qualité à partir desquels on peut discuter », affirme-t-il.

« Pour moi, verser des dons à La Presse est une responsabilité sociale. Je veux m’assurer que ce contenu fiable et indépendant reste accessible à toute la collectivité, sans égard à la capacité de payer, à l’allégeance politique ou au niveau d’éducation de chacun. »

– Juste

Juste affirme que l’information est un bien commun qu’il faut préserver : « On peut discuter de gratuité scolaire, avoir une opinion là-dessus, mais il n’y a pas de débat à faire sur l’importance de la gratuité des médias de qualité, surtout si on souhaite, comme aujourd’hui, prévenir ou réduire les fractures sociales, culturelles ou économiques. »

Juste a par ailleurs remarqué au journal un progrès en matière d’inclusion, la salle de rédaction accueillant davantage de journalistes et de témoignages d’experts issus de la diversité. « Si l’information doit être pour tout le monde, elle doit aussi être faite par tout le monde. Ça me rassure beaucoup pour le futur », conclut-il.

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