PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE


Témoignage

Donner pour contrer la désinformation

Publié le

Ronnie Murphy, donateur

Ronnie Murphy est à l’emploi de la firme d’ingénierie californienne TetraTech, qui compte parmi ses nombreux projets l’édification de réseaux électriques en Afrique de l’Ouest. Quand il se déplace sur le terrain, environ trois mois par an, le Lavallois consulte La Presse tous les matins pour demeurer en contact avec la Belle Province. Et il ne manque pas de soutenir notre média.

« C’est comique, au petit-déjeuner, on peut être trois ou quatre collègues québécois à la table mais pas un mot ne se dit puisque tout le monde consulte La Presse+ sur sa tablette », raconte Ronnie en se remémorant, non sans rire, ses derniers séjours professionnels outre-Atlantique.

L’ingénieur électrique, puis directeur technique chez Hydro-Québec, a pris sa retraite en 2014. Mais pour cet homme qui a commencé sa carrière à la baie James, il n’était pas question de farnienter sous les palmiers comme dans la célèbre publicité « Liberté 55 ». « Je voulais aller travailler dans un pays où des choses sont à développer, à faire avancer », résume le sexagénaire.

Chez TetraTech, Ronnie est chef de projet. Habile vulgarisateur, il esquisse pour nous les grandes lignes de son boulot : « Le gouvernement américain injecte de l’argent dans plusieurs États d’Afrique du moment qu’ils respectent la démocratie, les droits humains, etc. Il mandate ainsi notre entreprise pour élaborer certains programmes de développement du secteur de l’électricité. Par exemple, s’il donne des millions au Sénégal, il nous demande de voir quelles infrastructures seraient les plus intéressantes pour ce pays. Nous leur proposons des solutions durables, des investissements, et, une fois que c’est accepté, nous réalisons le projet dans ses différentes phases : étude, approvisionnement, construction… »

Sa mission? Superviser chacune des étapes. Ses équipes comptent en moyenne une vingtaine d’experts. Des ingénieurs électriques, mais aussi des spécialistes en développement international qui ont à cœur l’amélioration et l’automatisation des industries locales ainsi que l’éducation des femmes en vue de leur intégration au marché de l’emploi. Car, en Afrique, il ne suffit pas d’amener des fils électriques dans les foyers pour que les familles s’y raccordent ; il faut également générer un peu de richesse afin que les populations soient à même de s’offrir les services, en appuyant par exemple l’importante économie du beurre de karité au Burkina Faso, explique Ronnie.

Avant d’y travailler, il n’avait jamais mis les pieds en Afrique. Son premier mandat, au Mali, fut un choc culturel. Depuis, son métier lui a permis de découvrir une dizaine de pays du continent, dont le Bénin, le Sénégal, le Togo et, bientôt, la Côte d’Ivoire. L’amoureux n’accepte que des initiatives qui requièrent une absence de moins d’un mois. « Sinon, je m’ennuie de ma femme », confie-t-il avec un rire tendre.

Sur le terrain, l’ingénieur fait face à des obstacles de taille : la complexité des institutions, la corruption, l’instabilité politique qui aboutit parfois à… des coups d’État. Le renversement du président Kaboré par la junte militaire en janvier 2022 a mis le projet d’électrification du Burkina Faso au brancard. Ronnie a d’ailleurs rapidement quitté ce pays. « Mais, malgré toutes les difficultés, quand tu vois qu’une centrale est construite, qu’un pylône est installé, tu te dis que ce n’est pas juste de la paperasse qu’on fait. Quand tu amènes l’électricité dans ces pays, tu contribues à en diminuer la pauvreté », souligne-t-il.

Comment Ronnie occupe-t-il ses temps libres? « Je voyage! », affirme-t-il sans hésiter. Sa douce moitié et lui songent à un prochain long séjour en Thaïlande. L’ingénieur, puisqu’il est également friand de généalogie, fouille les recensements, les registres de naissances, de baptêmes, de mariages et de bateaux et il s’est même envolé trois fois vers l’Irlande pour en apprendre davantage sur ses ancêtres, qui auraient débarqué à Grosse-Île en 1847.

« Tu peux en faire un sérieux passe-temps. Sur Georges, Peter et Frank et Murphy, puis sur mon père, prénommé Georges lui aussi, je sais tout : où ils sont allés, dans quels quartiers ils se sont installés… à Québec, puis à Montréal. Un moment donné, j’en prends un et je vais photographier ses adresses. Ça te fait réfléchir. Tu essaies de trouver des scandales, mais il n’y en a pas », rigole-t-il.

Ronnie s’intéresse aussi aux actualités générales. Quand tout va mal dans le monde – guerre en Ukraine, crise climatique, pandémie de COVID-19 –, il lit les grands titres de La Presse+, puis parcourt les sections Arts, Affaires et Sports pour se faire plaisir. Il affectionne particulièrement les chroniques de Patrick Lagacé, d’Yves Boisvert et de Francis Vailles. Il complète aussi le sudoku à la fin des éditions.

S’il soutient La Presse, c’est parce qu’elle constitue à ses yeux un quotidien fiable servant de rempart aux affirmations mensongères qui circulent librement dans le Web.

« Aujourd’hui, on donne tout le temps une teinte de fake news à tous les médias et je trouve ça frustrant. Un journaliste professionnel s’assure que ce qu’il dit est bien documenté, structuré. Je suis d’avis qu’il faut encourager cette culture-là, car elle est attaquée. Pour moi, une bonne source d’information est d’autant plus importante en cette ère où il y a tellement de désinformation. »

– Ronnie

Lire d’autres témoignages